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Les syndicats en Belgique 2\/3 1939-1943<\/strong><\/span><\/h2>\n

Les militants ouvriers et la guerre imp\u00e9rialiste<\/strong><\/span><\/h2>\n

\"\"Un petit rappel\u2026<\/strong><\/p>\n

Jusque dans les ann\u00e9es 1990, la FGTB avait conserv\u00e9, surtout au sein des grandes entreprises, une certaine tradition de militantisme syndical et de d\u00e9fense de principe de classe \u00e9l\u00e9mentaire. C\u2019\u00e9tait d\u2019ailleurs aussi le cas, dans une moindre mesure, de la CSC, par le jeu de concurrence et d\u2019influence entre appareils. (De nombreux travailleurs et militants syndicaux ont en effet re\u00e7u, notamment \u00e0 travers le MOC li\u00e9 \u00e0 la CSC, une initiation au point de vue marxiste sur la soci\u00e9t\u00e9, l\u2019\u00e9conomie, et les int\u00e9r\u00eats de leur classe sociale).<\/p>\n

Bien entendu, cela ne changeait pas la nature r\u00e9formiste de ces appareils, ni leur r\u00f4le d\u2019instruments de contr\u00f4le de l\u2019\u00e9tat bourgeois sur la classe ouvri\u00e8re. Mais au moins, ces traditions permettaient \u00e0 chaque nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de travailleurs de d\u00e9couvrir ces id\u00e9es, et de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019exp\u00e9rience de luttes collectives, m\u00eame cantonn\u00e9es \u00e0 un but \u00e9conomique.<\/p>\n

Ce militantisme, ces traditions syndicales, ces id\u00e9es de classes, ne sont pas automatiquement li\u00e9es \u00e0 l\u2019existence d\u2019appareils syndicaux. En Belgique, cela provient surtout du r\u00f4le et de l\u2019influence qu\u2019ont eus un nombre assez r\u00e9duit de militants politiques ouvriers, appartenant pour l\u2019essentiel au PC, et c\u2019est ce que nous allons voir ce soir.<\/p>\n

Des syndicats hostiles aux militants\u2026<\/strong><\/span><\/p>\n

Les appareils syndicaux qui existaient avant la seconde guerre mondiale \u00e9taient en comparaison peu, voire pas du tout implant\u00e9s dans les entreprises. Il n\u2019y avait g\u00e9n\u00e9ralement pas de d\u00e9l\u00e9gation \u00e9lue, ni surtout de responsable syndical li\u00e9 aux travailleurs de l\u2019usine et capable d\u2019\u00eatre reconnu par eux comme leur repr\u00e9sentant l\u00e9gitime.<\/p>\n

Dans leurs luttes contre les communistes pour conserver le contr\u00f4le des syndicats, les dirigeants syndicaux avaient exclu syst\u00e9matiquement tous les travailleurs un peu trop militants, et les appareils syndicaux s\u2019\u00e9taient ainsi r\u00e9duits \u00e0 leurs activit\u00e9s de gestion et \u00e0 un r\u00f4le d\u2019assistance quasi-individuelle des salari\u00e9s.<\/p>\n

L\u2019existence de ces appareils d\u00e9pendait donc en grande partie du soutien financier de l\u2019Etat, que ce soit au niveau des communes, des provinces, ou du gouvernement national. Les permanents, les cadres syndicaux, s\u2019\u00e9taient habitu\u00e9s \u00e0 \u00eatre \u201cdes fonctionnaires\u201d d\u2019un type un peu sp\u00e9cial, dont le salaire d\u00e9pendait de fait de l\u2019Etat \u00e0 travers les multiples places dans les organismes de gestion et de conciliation sociale (les commissions paritaires). Ils \u00e9taient, bien entendu, tr\u00e8s anti-communistes, mais aussi hostiles aux luttes et aux gr\u00e8ves, \u00e0 tout ce qui mena\u00e7ait ce r\u00f4le de gestionnaires dont ils d\u00e9pendaient.<\/p>\n

\u2026 mais des patrons hostiles aux syndicats<\/strong><\/span><\/p>\n

Pourtant, m\u00eame ces syndicats-l\u00e0 \u00e9taient devenus trop encombrants aux yeux du patronat belge, en 1939. L\u2019\u00e9conomie mondiale, qui avait connu une br\u00e8ve am\u00e9lioration en 1935-1936, avait replong\u00e9 dans la r\u00e9cession d\u00e8s 1937. Pour sauver leurs profits, les capitalistes \u00e9taient de plus en plus convaincus qu\u2019il fallait en finir avec toutes les concessions \u00e9conomiques, sociales et politiques, qu\u2019ils avaient \u00e9t\u00e9 contraints de faire sous la menace de la r\u00e9volution russe, au lendemain de la premi\u00e8re guerre.<\/p>\n

En Italie en 1922, puis en Allemagne en 1933, le grand patronat avait soutenu l\u2019arriv\u00e9e au pouvoir de l\u2019extr\u00eame droite. Celle-ci \u00e9tait parvenue \u00e0 mobiliser les couches petites-bourgeoises contre le mouvement ouvrier, dont les gr\u00e8ves et l\u2019agitation politique \u00e9taient pr\u00e9sent\u00e9es comme la cause de la crise persistante.<\/p>\n

Mais en France et en Belgique, cette pouss\u00e9e vers l\u2019extr\u00eame droite avait \u00e9t\u00e9 neutralis\u00e9e par la mont\u00e9e sociale de 1936.<\/p>\n

Quelques mois durant, les petits commer\u00e7ants, les intellectuels, les employ\u00e9s de banques, les paysans m\u00eames, regard\u00e8rent les ouvriers comme une force capable de s\u2019opposer \u00e0 la mainmise de la finance et des sp\u00e9culateurs sur l\u2019\u00e9conomie, et d\u2019apporter une solution \u00e0 la crise qui soit favorable aux couches laborieuses de la population. Mais faute d\u2019un parti r\u00e9volutionnaire, le mouvement ouvrier ne put profiter de son \u00e9lan.<\/p>\n

Cependant, ni en France, ni en Belgique, la bourgeoisie ne pouvait s\u2019appuyer sur une extr\u00eame droite puissante et populaire contre les travailleurs.<\/p>\n

C\u2019est dans ce contexte politique que, de la part des milieux dirigeants, tout un courant de sympathie et d\u2019admiration se d\u00e9veloppa vis-\u00e0-vis de l\u2019Allemagne de Hitler et de l\u2019Italie de Mussolini.<\/p>\n

D\u00e8s 1937 se d\u00e9veloppait dans la presse, les milieux gouvernementaux, dans les cercles de la bonne soci\u00e9t\u00e9, les clubs d\u2019universitaires, un discours qui tendait \u00e0 faire passer l\u2019id\u00e9e que la cause de la crise \u00e9tait l\u2019instabilit\u00e9 sociale caus\u00e9e par les gr\u00e8ves des ouvriers qui d\u00e9sorganisaient l\u2019\u00e9conomie et dissuadaient les patrons d\u2019investir, ainsi que par les \u00e9lections qui favorisaient la d\u00e9magogie des partis et emp\u00eachaient des gouvernements stables. Face \u00e0 cela, la solution \u00e9tait l\u2019instauration d\u2019un pouvoir fort, au-dessus des classes sociales, qui sache imposer le retour \u00e0 l\u2019ordre.<\/p>\n

Ces id\u00e9es touchaient de larges fractions de la petite bourgeoisie, effray\u00e9e par le retour de la crise mais se sentant impuissante devant les grands capitalistes, et qui aspirait \u00e0 se ranger derri\u00e8re un homme fort qui la prot\u00e9gerait.<\/p>\n

Ces id\u00e9es commen\u00e7aient m\u00eame \u00e0 gagner les hauts cadres du Parti socialiste d\u2019alors, le Parti Ouvrier Belge. Un exemple, parmi d\u2019autres : le dirigeant du POB, Henri De Man, re\u00e7ut un mot de Mussolini pour son livre \u201cAu-de l\u00e0 du Marxisme<\/em>\u201d, lui assurant qu\u2019il \u201cl\u2019avait lu avec attention et int\u00e9r\u00eat<\/em>\u201d. H. De Man le remercia en \u00e9crivant au dictateur fasciste qu\u2019il \u201cobservait l\u2019oeuvre de r\u00e9novation sociale entreprise par son r\u00e9gime avec sympathie et espoir<\/em>\u201d.<\/p>\n

Cet \u00e9tat d\u2019esprit parmi les classes dirigeantes en France comme en Belgique explique que les gouvernements et l\u2019\u00e9tat-major n\u2019aient pas fait preuve d\u2019une grande combativit\u00e9 face aux arm\u00e9es de Hitler en 1940.<\/p>\n

La d\u00e9faite et l\u2019occupation<\/strong><\/span><\/p>\n

Le patronat \u00e0 l\u2019offensive<\/strong><\/span><\/p>\n

La d\u00e9faite fut en r\u00e9alit\u00e9 ressentie par de larges milieux sociaux comme une lib\u00e9ration vis-\u00e0-vis du mouvement ouvrier et d\u2019une fa\u00e7on plus g\u00e9n\u00e9rale, comme le d\u00e9but d\u2019un retour \u00e0 l\u2019ordre apr\u00e8s une p\u00e9riode de chaos social de 10 ans.<\/p>\n

C\u2019est que, au d\u00e9but de l\u2019\u00e9t\u00e9 1940, la victoire de l\u2019Allemagne paraissait compl\u00e8te et d\u00e9finitive. La France avait capitul\u00e9. Les arm\u00e9es britanniques avaient rembarqu\u00e9 en catastrophe. En Belgique, la majorit\u00e9 des responsables politiques et \u00e9conomiques croyaient que s\u2019ouvrait une nouvelle p\u00e9riode, o\u00f9 un ordre europ\u00e9en stable allait s\u2019\u00e9difier sous la conduite de l\u2019Allemagne.<\/p>\n

Parmi tous ceux qui poss\u00e9daient une influence sur la soci\u00e9t\u00e9, personne ne songeait encore \u00e0 la r\u00e9sistance, tous se pr\u00e9occupaient plut\u00f4t de parvenir \u00e0 bien g\u00e9rer son int\u00e9gration au nouveau r\u00e9gime.<\/p>\n

Du point de vue du patronat, les probl\u00e8mes semblaient s\u2019\u00eatre r\u00e9solus d\u2019un seul coup de baguette magique. L\u2019autorit\u00e9 militaire allemande avait interdit les partis politiques (et donc le Parti ouvrier), les syndicats, les gr\u00e8ves, et impos\u00e9 le blocage des salaires\u00a0: le \u00ab\u00a0lohnstopp\u00a0\u00bb.<\/p>\n

En th\u00e9orie, tous les prix \u00e9taient cens\u00e9s ne plus bouger, mais en pratique, l\u2019arm\u00e9e allemande avait d\u2019autres chats \u00e0 fouetter que de surveiller chaque commer\u00e7ant, et les prix continuaient \u00e9videment \u00e0 \u00e9voluer \u00e0 la hausse. Par contre, les employeurs formaient spontan\u00e9ment un r\u00e9seau d\u2019indics b\u00e9n\u00e9voles pour d\u00e9noncer aux autorit\u00e9s allemandes la moindre vell\u00e9it\u00e9 de demander une hausse des salaires.<\/p>\n

Pour les dirigeants des capitalistes, r\u00e9unis au sein du Comit\u00e9 Central Industriel (l\u2019anc\u00eatre de la FEB), \u00ab\u00a0de vastes perspectives \u00e9conomiques\u00a0<\/em>\u00bb s\u2019ouvrent devant les patrons. Gustave L. G\u00e9rard, patron de la Banque Bruxelles Lambert et pr\u00e9sident du CCI, entrevoit que \u00ab\u00a0la conjoncture ouvre de nouvelles possibilit\u00e9s au patronat suite \u00e0 l\u2019\u00e9vanouissement des syndicats politiques et l\u2019abolition du r\u00e9gime des commissions paritaires\u00a0<\/em>\u00bb. En juillet 1940, il envoie une circulaire \u00e0 tous les industriels o\u00f9 il pr\u00e9conise \u201cde ramener le salaire minimum au niveau de 1936\u201d\u00a0<\/em>en l\u2019abaissant de 4 \u00e0 3,2 FB. En plus de cette\u00a0<\/em>forte diminution des salaires,\u00a0<\/em>le CCI recommande\u00a0\u201cla non-application des lois sociales<\/em>\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Bien s\u00fbr les patrons avaient d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9 \u00e0 agir dans ce sens, en profitant du ch\u00f4mage engendr\u00e9 par la d\u00e9mobilisation des r\u00e9giments. Mais les directives venant d\u2019en haut confirmaient et g\u00e9n\u00e9ralisaient ce type de pratique, encourageant \u00e0 aller encore plus loin. Dans l\u2019industrie textile de Gand par exemple, la baisse des salaires atteignit 22%!<\/p>\n

Sur le plan \u00e9conomique, les capitalistes belges cherchaient fi\u00e9vreusement des march\u00e9s pour profiter pleinement de l\u2019aubaine que repr\u00e9sentait la nouvelle situation sociale et politique. La guerre n\u2019\u00e9tait pas tout \u00e0 fait finie, l\u2019Angleterre avait l\u2019air de vouloir encore un peu r\u00e9sister, et on ne pouvait pas se mettre mal avec un pareil morceau, m\u00eame mal en point, en rejoignant au vu et au su de tous, le camp de l\u2019Allemagne. Mais \u00e0 qui vendre, si ce n\u2019est \u00e0 l\u2019arm\u00e9e et l\u2019industrie allemandes\u00a0?<\/p>\n

Pour r\u00e9soudre ce p\u00e9nible cas de conscience, les porte-parole du capital financier belge, forts de leurs r\u00e9seaux et de leurs appuis \u00e9tendus de Londres \u00e0 Berlin, vont proposer un cadre l\u00e9gislatif qui permette de naviguer entre les exigences contradictoires de la guerre.<\/p>\n

La doctrine Galopin, du nom du \u00ab\u00a0gouverneur\u00a0\u00bb de la Soci\u00e9t\u00e9 G\u00e9n\u00e9rale, le plus gros holding financier belge, fixe les grandes lignes de la collaboration \u00e9conomique avec l\u2019Allemagne, en m\u00eame temps que les indispensables bons sentiments pour la justifier\u00a0: \u00ab\u00a0Il faut remettre en route la machine industrielle pour \u00e9viter de trop faire souffrir les travailleurs, en acceptant toutes les commandes allemandes qui ne sont pas directement li\u00e9es \u00e0 l\u2019effort de guerre<\/em>\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Des courriers moins officiels pr\u00e9cisent n\u00e9anmoins aux patrons,\u00a0\u00ab\u00a0qu\u2019il faut bien s\u00fbr savoir faire preuve de souplesse et d\u2019imagination dans l\u2019application des directives Galopin<\/em>\u00a0\u00bb. En bref, les patrons sont encourag\u00e9s \u00e0 faire comme d\u2019habitude, comme ils le font aujourd\u2019hui, \u00e0 contourner les r\u00e8glements, \u00e0 tricher sans se faire attraper.<\/p>\n

Les travailleurs, qui sont confront\u00e9s au ch\u00f4mage, aux licenciements arbitraires, \u00e0 la hausse des prix et au \u2018Lohnstopp\u2019, se tournent vers les cadres et militants syndicaux dont ils attendent des perspectives. Le sentiment d\u2019un nombre croissant de salari\u00e9s est que, malgr\u00e9 la guerre, l\u2019occupation, il ne faut pas laisser tout passer sans r\u00e9agir sinon cela encouragera les patrons \u00e0 attaquer encore et encore.<\/p>\n

Les organisations r\u00e9formistes et l\u2019ordre nouveau<\/strong><\/span><\/p>\n

Mais le sort des travailleurs est bien la derni\u00e8re chose qui tracasse les responsables des appareils syndicaux. Qu\u2019est-ce donc qui les pr\u00e9occupe\u00a0? L\u2019appareil, justement, dont ils d\u00e9pendent.<\/p>\n

Car en 1940, les syndicats \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 de grosses entreprises, avec des rentr\u00e9es, des d\u00e9penses, qu\u2019il fallait \u00e9quilibrer co\u00fbte que co\u00fbte. En mai 1940, les dirigeants de la CGTB, qui se sont r\u00e9fugi\u00e9s en France \u00e0 la suite du gouvernement belge, apprennent la capitulation et tiennent conseil sur la conduite \u00e0 tenir.<\/p>\n

Deux dirigeants, Paul Finet et Jef Lens, gagnent Londres pour nouer contact avec les gouvernements britannique et belge en exil. On verra plus tard que c\u2019est un bon calcul.<\/p>\n

Les autres, dont Joseph Bondas, le secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9ral, rentrent au pays de toute urgence pour\u00a0\u00ab\u00a0r\u00e9aliser les actifs, vendre le mat\u00e9riel d\u00e9sormais inutile (comme les presses pour l\u2019impression de la propagande), mettre le personnel en pr\u00e9avis et, en attendant, diminuer imm\u00e9diatement les salaires par deux\u00a0\u00bb.<\/em>\u00a0\u00c9viter la faillite, prot\u00e9ger les avoirs, g\u00e9rer les comptes: on voit quelles sont les priorit\u00e9s pour ces dirigeants.<\/p>\n

Mais ce n\u2019est pas tout. L\u2019entreprise \u201csyndicat\u201d doit retrouver \u2018une raison sociale\u2019 comme on dit, c\u2019est-\u00e0-dire dans ce cas-ci une fonction dans la soci\u00e9t\u00e9 qui permettra d\u2019entretenir et de faire vivre l\u2019appareil. Du c\u00f4t\u00e9 des patrons, on l\u2019a vu, les appareils syndicaux n\u2019ont plus rien \u00e0 attendre, \u00e0 part une couronne mortuaire. Alors il leur faut aller voir du c\u00f4t\u00e9 de l\u2019Etat. De cet Etat belge qui se restructure sous la direction de l\u2019Autorit\u00e9 d\u2019occupation, dirig\u00e9e et contr\u00f4l\u00e9e pas les nazis, ce qui \u00e9videmment n\u2019est pas simple pour des syndicats socialistes.<\/p>\n

C\u2019est pourquoi, dans ces circonstances, les chefs de la bureaucratie syndicale et corporatiste se tourn\u00e8rent vers Henri De Man. De Man \u00e9tait le dirigeant du POB, et donc \u00e0 ce titre, une esp\u00e8ce d\u2019arbitre et de porte-parole de toutes ces institutions, ces syndicats, ces coop\u00e9ratives, ces mutuelles, qui constituaient le POB jusque-l\u00e0. L\u2019occupant nazi avait interdit les partis politiques. Soit, mais il restait les organisations, les appareils et tous les permanents qui attendaient anxieusement qu\u2019on leur explique de quoi ils allaient vivre d\u00e9sormais\u2026<\/p>\n

De Man \u00e9tait leur homme, car depuis la fin des ann\u00e9es 20, il s\u2019\u00e9tait fait le d\u00e9fenseur d\u2019un socialisme d\u00e9barrass\u00e9 de la lutte de classe, et pr\u00f4nant un Etat fort pour r\u00e9concilier les patrons et les travailleurs. On a vu qu\u2019il s\u2019\u00e9tait taill\u00e9 une petite popularit\u00e9 chez les fascistes, notamment Mussolini, contents de mesurer leur force par le ralliement moral d\u2019un des chefs de leurs adversaires socialistes.<\/p>\n

De Man \u00e9tait donc bien introduit dans les milieux d\u2019extr\u00eame-droite italiens, belges et allemands. Il devint dans ces circonstances le n\u00e9gociateur et l\u2019avocat de la bureaucratie ouvri\u00e8re d\u00e9sireuse de recevoir une place, pas trop petite, dans \u2018l\u2019ordre nouveau\u2019.<\/p>\n

Le 28 juin 1940, De Man signe un manifeste dans lequel il explique que \u00ab\u00a0le r\u00e9gime parlementaire historiquement d\u00e9pass\u00e9, le r\u00f4le politique du POB est termin\u00e9<\/em>\u00a0\u00bb. Les militants socialistes sont invit\u00e9s \u00ab\u00a0\u00e0 veiller au fonctionnement des \u0153uvres \u00e9conomiques et sociales\u00a0<\/em>\u00bb. Une majorit\u00e9 des responsables socialistes, non seulement ceux des syndicats mais aussi ceux du parti, vont le suivre sur ce terrain et lancer, en juillet 1940, \u00ab\u00a0la nouvelle CGTB\u00a0\u00bb, en signe de rupture avec le pass\u00e9.<\/p>\n

D\u00e9but ao\u00fbt 1940, Isi Delvigne, responsable de la presse socialiste, r\u00e9pond au manifeste de De Man\u00a0: \u00ab\u00a0au nom des militants socialistes de Li\u00e8ge\u00a0\u00bb, Delvigne \u00e9crit \u00ab\u00a0tenant compte du fait accompli, et de l\u2019int\u00e9r\u00eat commun de tous les travailleurs belges[\u2026],\u00a0; prenant acte de la suppression de tous les anciens partis politiques rendant caduque l\u2019affiliation des syndicats au Parti ouvrier (nous) estimons que (notre) devoir est de maintenir sur un plan strictement \u00e9conomique et social les organisations ouvri\u00e8res dans le cadre que le r\u00e9gime qui va na\u00eetre leur assignera\u00a0<\/em>\u00bb.<\/p>\n

Lors d\u2019une s\u00e9ance de la Centrale du B\u00e2timent de la CGTB, des dirigeants syndicaux, dont Achille Van Acker (futur ministre en 45, et futur \u00ab\u00a0r\u00e9sistant de la premi\u00e8re heure\u00a0\u00bb), votent une r\u00e9solution d\u2019appui \u00e0 De Man\u00a0:<\/p>\n

\u00ab\u00a0Remplacement des syndicats par un front unique du travail sur la base coop\u00e9rative\u00a0<\/em>(et non plus de d\u00e9fense contre les patrons)\u00a0<\/em>\u00bb, et pour l\u2019imm\u00e9diat, \u00ab\u00a0limitation de l\u2019activit\u00e9 syndicale \u00e0 la perception des cotisations des affili\u00e9s, repr\u00e9sentation des int\u00e9r\u00eats ouvriers dans les corps paritaires ou organisations analogues, \u00e9ducation des membres dans l\u2019esprit du nouvel ordre social.\u00a0<\/em>\u00bb<\/p>\n

Les mots employ\u00e9s sont un peu l\u00e9gers pour se rendre compte de quoi il s\u2019agit. L\u2019esprit du nouvel ordre social, dans lequel les dirigeants de la nouvelle CGTB se proposent d\u2019\u00e9duquer les travailleurs, c\u2019est l\u2019esprit du fascisme, c\u2019est le remplacement de la lutte des classes par \u00ab\u00a0une collaboration dans un esprit maison\u00a0\u00bb, o\u00f9 les travailleurs sont amen\u00e9s \u00e0 regarder la prosp\u00e9rit\u00e9 de leurs entreprises et de leur patrons\u2026 comme la leur propre. Peu importent la faim, le ch\u00f4mage, les arrestations, la torture contre ceux qui rel\u00e8vent la t\u00eate.<\/p>\n

Les dirigeants socialistes font acte de candidature pour servir le fascisme, mais ils ne sont pas seuls. Il y a aussi la CSC\u00a0! D\u00e9but ao\u00fbt 1940, Henri Pauwels, le secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9ral de la Conf\u00e9d\u00e9ration chr\u00e9tienne, entre en pourparler avec De Man et les repr\u00e9sentants de la \u00ab\u00a0nouvelle CGTB\u00a0\u00bb pour mettre sur pied un cartel de toutes les organisations syndicales en vue des n\u00e9gociations avec l\u2019autorit\u00e9 nazie. Ils \u00ab\u00a0n\u00e9gocient\u00a0\u00bb pour eux, pas pour les travailleurs\u2026 Comme d\u2019habitude.<\/p>\n

\u00c9videmment, tous ces bureaucrates se regardent en chiens de fa\u00efence. Toutes les conf\u00e9d\u00e9rations syndicales, et au sein de celles-ci, tous les syndicats qui en sont membres, toutes les centrales, toutes les r\u00e9gionales, tous les secr\u00e9tariats, jusqu\u2019au plus petit tr\u00e9sorier,\u2026 tous veulent vivre, conserver leurs places, recevoir une mission et des subsides de l\u2019Etat. Et tous savent qu\u2019il n\u2019y aura pas place pour tout le monde.<\/p>\n

Mais ils ne se doutent pas \u00e0 quel point ils ont raison de broyer du noir au sujet de leur avenir professionnel. Car il y a d\u2019autres milieux sociaux qui attendent une carri\u00e8re et des places de la part fascisme\u00a0: l\u2019extr\u00eame-droite.<\/p>\n

L\u2019impasse de la collaboration<\/strong><\/span><\/p>\n

Les partis d\u2019extr\u00eame-droite flamands, les anc\u00eatres politiques du Vlaams Belang, (Verdinaso & VNV), avaient, d\u00e8s la fin des ann\u00e9es 30, d\u00e9velopp\u00e9 des organisations de type fasciste, comme \u2018l\u2019Arbeitsorde\u2019 du VNV. C\u2019\u00e9tait une copie du Front du Travail nazi (Arbeits Front) visant \u00e0 regrouper les travailleurs par profession, sous l\u2019encadrement de petits chefs et de patrons, afin \u00ab\u00a0d\u2019assurer la paix dans les entreprises\u00a0<\/em>\u00bb.<\/p>\n

Les oppositions entre classes sociales devaient \u00eatre remplac\u00e9es par le sens de l\u2019appartenance \u00e0 une communaut\u00e9 nationale (allemande, flamande, wallonne\u2026) dans l\u2019int\u00e9r\u00eat de laquelle patrons et ouvriers devaient s\u2019entraider. Ce qui, bien s\u00fbr, revenait \u00e0 mobiliser les travailleurs au service de leurs exploiteurs dans la lutte contre la concurrence des autres pays.<\/p>\n

L\u2019Arbeitsorde flamand comprenait un syndicat corporatiste, le Vlaamsche Nationaal Syndicaat (VNS) dont les effectifs s\u2019\u00e9levaient \u00e0 30 000 affili\u00e9s en avril 1940. Bien loin des 500 000 de la CGTB, des 300 000 de la CSC, certes. Mais d\u00e9j\u00e0 un effectif suffisant pour fournir un nombre important de petits cadres, petits bureaucrates, tout pr\u00eats \u00e0 servir de surveillants des ouvriers au service du fascisme et \u00e0 traquer les militants.<\/p>\n

D\u00e8s septembre 1940, les dirigeants allemands nazis de l\u2019Arbeit Front avaient install\u00e9 \u00e0 Bruxelles un bureau, le Dienstelle ArbeitsFront (DAF), dirig\u00e9 par le \u00ab\u00a0docteur\u00a0\u00bbVoss, pour surveiller la transformation des organisations syndicales en organisations de type fasciste.<\/p>\n

Les dirigeants allemands nazis croyaient alors possible de reproduire en Europe et en Belgique ce qu\u2019ils avaient r\u00e9alis\u00e9 en Allemagne: la mise sur pied d\u2019organisations de masse qui regrouperaient de force la totalit\u00e9 des travailleurs sous le contr\u00f4le de gens d\u00e9vou\u00e9s et s\u00fbrs qui traqueraient la moindre volont\u00e9 de r\u00e9sistance.<\/p>\n

C\u2019est dans cette optique que le docteur Voss pr\u00e9senta le 8 novembre 1940 un plan pour la transformation des syndicats belges en une nouvelle Union sous le contr\u00f4le du DAF. A la grande consternation des repr\u00e9sentants des syndicats chr\u00e9tiens, socialistes et lib\u00e9raux, le docteur Voss exigeait que le petit syndicat VNS (30 000 affili\u00e9s) soit cofondateur de l\u2019Union \u201csur pied d\u2019\u00e9galit\u00e9\u201d avec la CSC (300 000 affili\u00e9s) et la CGTB (500 000). Sur pied d\u2019\u00e9galit\u00e9, cela signifiait bien s\u00fbr \u00ab\u00a0\u00e0 parts \u00e9gales\u00a0\u00bb dans la distribution des places, traitements et subsides.<\/p>\n

Pire\u00a0! Les dirigeants socialistes se voient convoqu\u00e9s \u00e0 des entretiens confidentiels avec les services du DAF. Au cours de ceux-ci, on leur pr\u00e9sente des dirigeants de la VNS qui tentent de leur extorquer, sous la menace, le contr\u00f4le des comptes bancaires de leurs centrales syndicales. En fait de fusion \u00ab\u00a0\u00e0 parts \u00e9gales\u00a0\u00bb comme le pr\u00e9sentait le docteur Voss, il s\u2019agissait plut\u00f4t de l\u2019association des poules avec le renard.<\/p>\n

Mais pouvait-on s\u2019attendre \u00e0 autre chose de la part de ces militants d\u2019extr\u00eame-droite\u00a0? C\u2019\u00e9taient des petits-bourgeois longuement humili\u00e9s par la crise, assoiff\u00e9s de revanche sociale et remplis de haine vis-\u00e0-vis de tout ce qui incarnait l\u2019\u00e9lan des opprim\u00e9s vers la dignit\u00e9, l\u2019autonomie, l\u2019\u00e9mancipation.<\/p>\n

Certes, c\u2019\u00e9tait bien malgr\u00e9 eux que les bureaucrates syndicaux repr\u00e9sentaient le mouvement ouvrier. Mais leur position, leur appareil, leurs comptes bancaires et tous leurs \u00ab\u00a0avoirs\u00a0\u00bb ch\u00e9ris, sont justement le r\u00e9sultat des liens de solidarit\u00e9 qui s\u2019\u00e9taient tiss\u00e9s entre les travailleurs.<\/p>\n

D\u00e9couvrant, le nez dessus, cette dure v\u00e9rit\u00e9, les dirigeants syndicaux renonc\u00e8rent \u00e0 tenter d\u2019int\u00e9grer les organisations fascistes. Henri De Man fonda l\u2019UTMI\u2026 et resta quasi seul.<\/p>\n

La plupart des responsables syndicaux socialistes cess\u00e8rent officiellement toute activit\u00e9. Mais en r\u00e9alit\u00e9, \u00e0 partir de 1941, ils vont clandestinement commencer \u00e0 se regrouper autour de l\u2019ancienne direction de la CGTB, dirig\u00e9e Jos Bondas. Celui-ci \u00e9ditait \u00e0 l\u2019intention de ces milieux un petit journal qui circulait de la main \u00e0 la main\u00a0: \u201cComba<\/em>t\u201d.<\/p>\n

D\u00e9sormais, ils misent sur une d\u00e9faite de l\u2019Allemagne et du fascisme pour retrouver une situation plus favorable \u00e0 leurs appareils.<\/p>\n

En attendant, gr\u00e2ce au soutien financier du gouvernement belge exil\u00e9 \u00e0 Londres, ces milieux vont organiser le r\u00e9seau\u00a0Socrate<\/em>, un r\u00e9seau clandestin d\u2019aide financi\u00e8re et mat\u00e9rielle aux travailleurs r\u00e9fractaires au STO. Ce moyen de \u00ab\u00a0r\u00e9sister\u00a0\u00bb, sans organiser les travailleurs, via une aide recr\u00e9ant un lien de d\u00e9pendance \u00e0 l\u2019\u00e9gard de l\u2019appareil, est en fait tout \u00e0 fait comparable aux \u00ab\u00a0secours\u00a0\u00bb mat\u00e9riels de 14-18, aux allocations de ch\u00f4mage des ann\u00e9es 20 et 30\u00a0: une fa\u00e7on de gagner une influence sur les ouvriers gr\u00e2ces aux subsides de l\u2019Etat bourgeois.<\/p>\n

Et de fait, cette CGTB revenue du fascisme, n\u2019avait aucune activit\u00e9, aucun militant, aucun tract tourn\u00e9 vers les entreprises, o\u00f9 les travailleurs \u00e9taient confront\u00e9s \u00e0 de graves reculs de leurs conditions de travail et de leurs salaires.<\/p>\n

Comme on le voit, dans ces organisations syndicales qui avaient rompu compl\u00e8tement avec la lutte des classes et cherchaient \u00e0 s\u2019int\u00e9grer \u00e0 l\u2019Etat comme partenaire de la gestion des contradictions sociales, la majorit\u00e9 des cadres responsables ont \u00e9t\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 proposer leurs services \u00e0 une dictature ouvertement anti-ouvri\u00e8re. S\u2019ils n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 plus loin dans cette voie, c\u2019est uniquement parce que cette dictature ne leur faisait pas confiance et leur pr\u00e9f\u00e9rait les milieux de l\u2019extr\u00eame-droite belge.<\/p>\n

Aggravation de la situation de la population laborieuse<\/strong><\/span><\/p>\n

En attendant, la situation \u00e9conomique g\u00e9n\u00e9rale de la Belgique et de toute l\u2019Europe occup\u00e9e se d\u00e9gradait rapidement. La \u00ab\u00a0fructueuse coop\u00e9ration \u00e9conomique avec l\u2019Allemagne\u00a0\u00bb, attendue par les dirigeants du CCI en 1940, s\u2019av\u00e9rait un jeu de dupes. Les biens industriels et manufactur\u00e9s partaient bien de la Belgique vers l\u2019Allemagne, mais les contreparties commerciales pr\u00e9vues, mati\u00e8res premi\u00e8res, stocks agricoles, n\u2019arrivaient pas. Les entreprises belges \u00e9changeaient\u2026 contre rien. Au lieu de la coop\u00e9ration \u00e9conomique, le pillage imp\u00e9rialiste. Telle \u00e9tait la r\u00e9alit\u00e9 du \u00ab nouvel ordre europ\u00e9en\u00a0sous la conduite de l\u2019Allemagne\u00bb qui faisait r\u00eaver les \u00e9lites lors de l\u2019\u00e9t\u00e9 1940.<\/p>\n

En r\u00e9alit\u00e9, le nazisme n\u2019\u00e9tait pas une nouvelle forme d\u2019organisation de la soci\u00e9t\u00e9 et de l\u2019\u00e9conomie. C\u2019\u00e9tait une m\u00e9thode brutale de pillage et d\u2019asservissement au service de la conqu\u00eate de nouveaux march\u00e9s, de nouveaux territoires \u00e9conomiques pour l\u2019imp\u00e9rialisme allemand au d\u00e9triment de tous les autres.<\/p>\n

Dans cette situation, les patrons des entreprises belges exploitaient d\u2019autant plus les travailleurs, trompaient d\u2019autant plus l\u2019Etat belge pour maintenir leurs b\u00e9n\u00e9fices. Les profits et dividendes distribu\u00e9s aux actionnaires des entreprises belges restent appr\u00e9ciables\u00a0: 2,9 milliards de FB en 1941 et 1,8 milliards en 1942. (A titre de comparaison, la masse salariale annuelle \u00e9tait de 10 milliards de FB.)<\/p>\n

Mais la situation de la population est lamentable. En Wallonie, de nombreux foyers doivent vivre sans le soutien du p\u00e8re ou du fils, prisonnier en Allemagne, et \u00e0 qui il faut envoyer des colis par la Croix Rouge. Dans tout le pays, les rations alimentaires de ceux qui m\u00e8nent des activit\u00e9s physiques \u00e9prouvantes n\u2019atteignent pas 1250 calories ( environ la moiti\u00e9, voire le tiers de ce que l\u2019on mange aujourd\u2019hui).<\/p>\n

Le Parti Communiste\u00a0: d\u2019une organisation r\u00e9volutionnaire au parti stalinien<\/strong><\/span><\/p>\n

Dans cette situation o\u00f9 toutes leurs organisations disparaissent brutalement, voire passent \u00e0 l\u2019ennemi, alors que les patrons sont \u00e0 l\u2019offensive, ce qui permet aux travailleurs de r\u00e9agir, c\u2019est de pouvoir compter sur des militants qui ne baissent pas les bras.<\/p>\n

Ces militants-l\u00e0 ne sont pas de simples militants syndicaux, ils ont avant tout une perspective politique, un point de vue de classe clair\u00a0: ils savent qu\u2019il n\u2019y a pas de conciliation possible entre les int\u00e9r\u00eats des travailleurs et ceux des patrons, qu\u2019il n\u2019y a d\u2019issue que dans le renversement de la bourgeoisie et l\u2019instauration du socialisme par la force. Les d\u00e9faites ne les d\u00e9moralisent pas, du moins pas autant que les autres. Ils se sentent comme faisant partie d\u2019un camp, et quelles que soient les circonstances, ils se sentent responsables de parvenir \u00e0 regrouper leurs amis et leurs coll\u00e8gues de travail, en leur redonnant des id\u00e9es, des perspectives et du courage pour la lutte.<\/p>\n

Pour arr\u00eater ces hommes et ces femmes, il faut les enfermer dans des camps ou les tuer. Heureusement, ils ont appris \u00e0 militer de fa\u00e7on clandestine, dans le dos des patrons et des flics, et \u00e0 ne chercher \u00e0 atteindre leurs objectifs qu\u2019\u00e0 travers l\u2019action collective anonyme.<\/p>\n

Mais ce qui a construit de tels militants, ce qui leur a donn\u00e9 ces qualit\u00e9s, c\u2019est une organisation, le Parti Communiste. Pour comprendre l\u2019\u00e9volution de l\u2019action des militants communistes au cours de la guerre, il faut discuter un peu de l\u2019\u00e9volution de ces partis eux-m\u00eames, et de leur liaison avec le pays issu d\u2019une r\u00e9volution ouvri\u00e8re victorieuse, l\u2019Union sovi\u00e9tique.<\/p>\n

Pour cr\u00e9er de solides organisations, voire des partis de masse (comme en France) r\u00e9volutionnaires (comme en France), au beau milieu de cette Europe industrialis\u00e9e, riche, o\u00f9 les contradictions sociales \u00e9taient bien moins explosives qu\u2019ailleurs en temps normal, il a fallu un \u00e9v\u00e9nement exceptionnel, hors du commun\u00a0: le triomphe d\u2019une r\u00e9volution ouvri\u00e8re socialiste dans un pays gigantesque.<\/p>\n

Pour la plupart de ces militants d\u2019Europe qui avaient d\u00e9cid\u00e9 de sauter le pas, la r\u00e9volution, et la lutte politique qu\u2019elle impliquait, \u00e9tait quelque chose de compl\u00e8tement neuf. Ils avaient non seulement une grande estime, mais une profonde confiance politique dans les dirigeants bolcheviks, qui avaient men\u00e9 \u00e0 bien ce qu\u2019eux voulaient entreprendre.<\/p>\n

Malheureusement, l\u2019isolement de la r\u00e9volution russe sur le plan international, et les terribles reculs sociaux qui en d\u00e9coul\u00e8rent en Union sovi\u00e9tique apr\u00e8s 1921, amen\u00e8rent au pouvoir une bureaucratie \u00e0 la place des soviets de travailleurs.<\/p>\n

La pr\u00e9occupation essentielle de cette bureaucratie n\u2019\u00e9tait plus la r\u00e9volution, c\u2019\u00e9tait le maintien de l\u2019appareil d\u2019Etat dont elle tirait son pouvoir et ses maigres privil\u00e8ges.<\/p>\n

D\u00e8s la fin des ann\u00e9es 20, cette bureaucratie s\u2019est impos\u00e9e dans le Parti bolchevik comme dans l\u2019Etat. Ses repr\u00e9sentants \u00e9taient en mesure de d\u00e9tourner, au profit de leur politique, la confiance, la discipline des Partis communistes europ\u00e9ens \u00e0 l\u2019\u00e9gard du Parti bolchevik.<\/p>\n

\u00c0 travers l\u2019Internationale communiste, les d\u00e9l\u00e9gu\u00e9s russes vont parvenir \u00e0 imposer des politiques aux PC europ\u00e9ens, non plus en fonction des n\u00e9cessit\u00e9s du d\u00e9veloppement de la lutte des classes et de la conscience des travailleurs, mais des besoins politiques, diplomatiques, \u00e9conomiques, militaires m\u00eame, de la bureaucratie au pouvoir \u00e0 Moscou.<\/p>\n

1933 \u2013 1939\u00a0: Une politique d\u2019alliance avec sa propre bourgeoisie<\/strong><\/span><\/p>\n

Apr\u00e8s avoir entra\u00een\u00e9 les communistes allemands et europ\u00e9ens dans une politique sectaire, qui pr\u00e9sentait les partis ouvriers socialistes comme quasi identiques aux nazis (social fascisme), les dirigeants sovi\u00e9tiques impos\u00e8rent un brusque changement de cap apr\u00e8s la prise du pouvoir par Hitler en 1933. Craignant, \u00e0 juste titre, une agression militaire de l\u2019Allemagne, ils s\u2019efforc\u00e8rent de conclure des alliances militaires avec les pays capitalistes concurrents de l\u2019Allemagne\u00a0: l\u2019Angleterre et la France.<\/p>\n

En 1934, l\u2019U.R.S.S. est admise \u00e0 la S.D.N. Le 2\u00a0mai 1935 est sign\u00e9 \u00e0 Paris un pacte franco-sovi\u00e9tique d\u2019assistance mutuelle.<\/p>\n

Cette politique n\u2019aurait pas forc\u00e9ment \u00e9t\u00e9 fausse, si elle avait \u00e9t\u00e9 d\u00e9velopp\u00e9e pour gagner du temps et pr\u00e9parer les travailleurs \u00e0 affronter tous les pays imp\u00e9rialistes, l\u2019Allemagne comme les autres. Mais ce qui \u00e9tait une trahison monstrueuse, ce fut d\u2019instrumentaliser les PC fran\u00e7ais, anglais (et belge)\u2026, pour faire passer, aupr\u00e8s des travailleurs, cette alliance comme un front des d\u00e9mocraties et de l\u2019URSS contre le fascisme. Par ce type de mobilisation de l\u2019opinion publique des travailleurs, les dirigeants sovi\u00e9tiques tentaient d\u2019amadouer les gouvernements imp\u00e9rialistes, surtout fran\u00e7ais, pour la conclusion d\u2019un pacte contre l\u2019Allemagne, en contrepartie de la paix sociale garantie par les PC.<\/p>\n

Mais les d\u00e9g\u00e2ts politiques sur les travailleurs les plus combatifs d\u2019Europe \u00e9taient bien plus dangereux, pour la r\u00e9volution comme pour la s\u00e9curit\u00e9 de l\u2019Union sovi\u00e9tique. Une politique nationaliste, chauvine, anti-allemande et non plus anti-nazie, devint l\u2019\u00e9ducation de milliers de militants communistes europ\u00e9ens.<\/p>\n

En France, le drapeau tricolore et la Marseillaise, \u00e0 la place du drapeau rouge et de l\u2019Internationale, devinrent les symboles des manifestions communistes pour justifier une politique d\u2019alliance des travailleurs avec leur propre bourgeoisie. En Belgique, les m\u00e9thodes et le discours du PC \u00e9taient eux aussi ax\u00e9s sur le patriotisme et le nationalisme.<\/p>\n

1939-1941\u00a0: Une politique de classe au milieu de la guerre imp\u00e9rialiste<\/strong><\/span><\/p>\n

Cette p\u00e9riode politique du prendre \u00e0 nouveau brutalement fin lors de la signature du pacte de non-agression germano-sovi\u00e9tique, en 1939. Staline, constatant que ses \u2018alli\u00e9s\u2019 fran\u00e7ais et anglais \u00e9taient tout pr\u00eats \u00e0 laisser les mains libres \u00e0 Hitler pour s\u2019attaquer \u00e0 l\u2019URSS, les devan\u00e7a en quelque sorte, en poussant Hitler \u00e0 reporter la guerre vers l\u2019Ouest.<\/p>\n

Les partis et les militants communistes d\u2019Europe durent se d\u00e9brouiller comme ils pouvaient pour justifier cette alliance de fait de l\u2019Union sovi\u00e9tique avec le fascisme, contre \u2018les d\u00e9mocraties\u2019.<\/p>\n

Un peu livr\u00e9s \u00e0 eux-m\u00eames, ils d\u00e9velopp\u00e8rent alors une politique r\u00e9sum\u00e9e par le mot d\u2019ordre \u00ab\u00a0ni Londres, ni Berlin\u00a0\u00bb. Les deux camps imp\u00e9rialistes ennemis (France \u2013 Grande Bretagne \/ Allemagne \u2013 Italie) \u00e9taient d\u00e9nonc\u00e9s comme tous deux motiv\u00e9s par la domination du monde et des colonies en particulier. Les travailleurs n\u2019avaient pas \u00e0 avoir d\u2019espoir dans l\u2019un ou l\u2019autre camp, ni \u00e0 soutenir leur propre bourgeoisie en acceptant de sacrifier leurs int\u00e9r\u00eats sociaux.<\/p>\n

C\u2019est donc en quelque sorte par hasard, \u00e0 la suite d\u2019une longue succession de zigzags politiques impos\u00e9s par la bureaucratie sovi\u00e9tique, que les partis et les militants communistes \u00e9taient retomb\u00e9s sur une politique lutte de classe. Cette position \u00e9tait, pour cette raison, fragile, et elle variera de nouveau par la suite.<\/p>\n

Mais les militants communistes n\u2019avaient pas re\u00e7u qu\u2019une \u00e9ducation chauvine, loin de l\u00e0. Ils avaient l\u2019exp\u00e9rience, la culture et les qualit\u00e9s n\u00e9cessaires pour porter cette politique de classe dans ces moments particuli\u00e8rement difficiles. \u00ab\u00a0Ni Londres Ni Berlin\u00a0\u00bb, quand le pays \u00e9tait occup\u00e9 par l\u2019arm\u00e9e allemande, ce n\u2019\u00e9tait pas une perspective facile \u00e0 d\u00e9fendre.<\/p>\n

Et pourtant, c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment cette politique qui va \u00eatre \u00e0 la base de leurs succ\u00e8s. Car elle les prot\u00e9geait de toute illusion vis-\u00e0-vis de \u00ab\u00a0l\u2019ordre nouveau\u00a0\u00bb comme de tout r\u00e9flexe de solidarit\u00e9 vis-\u00e0-vis des patrons belges sous pr\u00e9texte de patriotisme.<\/p>\n

Et dans la situation sociale et politique de la Belgique occup\u00e9e de 1940, c\u2019\u00e9tait d\u00e9cisif. Nous avons vu \u00e0 quelles difficult\u00e9s \u00e9taient confront\u00e9s les travailleurs, et qu\u2019ils se tournaient vers les militants pour chercher des r\u00e9ponses, des r\u00e9actions. Mais ils ne pouvaient pas se tourner vers les responsables syndicaux traditionnels, occup\u00e9s \u00e0 n\u00e9gocier leur int\u00e9gration au r\u00e9gime, ou au mieux compl\u00e8tement d\u00e9sorient\u00e9s et passifs.<\/p>\n

Alors, ce sont les militants communistes qui leur r\u00e9pondent. Tr\u00e8s vite, malgr\u00e9 les interdictions des partis ouvriers et de l\u2019activit\u00e9 politique, les organisations du PC parviennent \u00e0 sortir des tracts et un journal clandestin, \u00ab\u00a0le Drapeau Rouge\u00a0\u00bb. Les travailleurs et les militants syndicaux y d\u00e9couvrent des mises en garde, des faits, des analyses qui confirment leurs impressions croissantes sur la situation, et l\u2019impasse sans int\u00e9r\u00eat o\u00f9 s\u2019engagent ceux qui suivent De Man et son UTMI. Les militants du PC les vaccinent contre les illusions et leur conseillent de rester dans leurs anciennes organisations, la CGTB et la CSC, et de s\u2019efforcer d\u2019y mener intelligemment une opposition \u00ab\u00a0lutte de classe\u00a0\u00bb. Mieux, certains communistes adh\u00e8rent \u00e0 l\u2019UTMI pour y faire le m\u00eame travail.<\/p>\n

Plus les mois passent, et plus les faits leur donnent raison. Ils n\u2019ont pas perdu la t\u00eate, ils ont compris avant tout le monde. M\u00eame ceux des travailleurs socialistes qui leur \u00e9taient le plus hostiles leur pr\u00eatent de plus en plus l\u2019oreille.<\/p>\n

Les travailleurs rel\u00e8vent la t\u00eate<\/strong><\/span><\/p>\n

La gr\u00e8ve de 1941<\/strong><\/span><\/p>\n

Mais ce n\u2019est pas tout. Il faut manger\u00a0: que faire face \u00e0 l\u2019augmentation des prix et au \u00ab\u00a0lohnstopp\u00a0\u00bb\u00a0? Partout, la p\u00e9nurie s\u2019installe, il y a un rationnement sur tout ce qui est n\u00e9cessaire, du pain aux v\u00eatements.<\/p>\n

Est-il possible de se battre\u00a0? Est-il possible de faire gr\u00e8ve\u00a0? Les nazis, la police ne plaisantent pas. Les patrons n\u2019ont pas de scrupules et d\u00e9noncent les meneurs \u00e0 la Gestapo.<\/p>\n

Bien des histoires circulaient entre ceux qui d\u00e9battaient de ces questions. Dans une usine de construction m\u00e9tallique de Charleroi, deux fr\u00e8res, qui s\u2019\u00e9taient propos\u00e9s comme porte- parole de leurs coll\u00e8gues, vont informer le patron de leur demande d\u2019augmentation des salaires pour que leurs familles ne cr\u00e8vent pas de faim. Le patron proteste et reproche aux travailleurs \u201cde manquer de patriotisme dans ces heures difficiles<\/em>\u201d. Exc\u00e9d\u00e9, l\u2019un des ouvriers a un geste du menton vers le coffre-fort du bureau, et r\u00e9pond \u201cet celui-l\u00e0, c\u2019est aussi un patriote<\/em>?\u201d (l\u2019usine travaillait pour l\u2019arm\u00e9e allemande). D\u00e8s le lendemain, les deux ouvriers sont embarqu\u00e9s par la Gestapo sous les yeux de leurs camarades.<\/p>\n

Ces graves questions sur la possibilit\u00e9 des luttes sont d\u00e9battues par les travailleurs durant le premier hiver de la guerre. Dans les ateliers, les communistes argumentent, montrent la force sociale du monde du travail. \u00ab\u00a0Ils ne peuvent pas mettre 8 millions de personnes en prison\u00a0<\/em>\u00bb \u00e9crit le Drapeau Rouge. Ils ont besoin de nous, de notre travail. \u201cCe ne sont pas les soldats de la Wehrmacht qui feront rouler les trains ou qui descendront dans la fosse \u00e0 notre place<\/em>.\u201d Et puis quelle est l\u2019alternative\u00a0? Qu\u2019allons-nous donner aux gosses\u00a0?\u2019<\/p>\n

Pour une m\u00e8re, c\u2019est un argument d\u00e9cisif. Les femmes communistes sont parmi elles, s\u2019adressent aux m\u00e9nag\u00e8res par des toutes bo\u00eetes.<\/p>\n

Au sortir de l\u2019hiver, on ne peut plus attendre, le situation devient dramatique. Le 10 mai 1941, des gr\u00e8ves \u00e9clatent dans les charbonnages\u00a0; les usines sid\u00e9rurgiques, la m\u00e9tallurgie suivent, le mouvement s\u2019\u00e9tend en Wallonie de Li\u00e8ge \u00e0 Charleroi. Il y a 100 000 gr\u00e9vistes selon le Drapeau Rouge, 60 000 selon\u2026 l\u2019autorit\u00e9 allemande, qui doit constater d\u2019\u00e9normes pertes dans la production d\u2019acier, de fonte, etc. Celle-ci fait alors pression sur les patrons pour qu\u2019ils consentent une augmentation des salaires de 10 %.<\/p>\n

Les tracts communistes et le Drapeau Rouge font circuler la nouvelle, en Flandre, \u00e0 Bruxelles\u00a0: \u00ab\u00a0C\u2019est possible<\/em>\u00a0!\u00a0\u00bb. Fin mai, Bruxelles est le th\u00e9\u00e2tre de manifestations pour le pain. 3000 femmes et enfants parcourent la rue Haute et les quartiers populaires alentours, encourageant les travailleurs \u00e0 la lutte. 1 000 postiers de la poste centrale arr\u00eatent le travail et exigent une augmentation.<\/p>\n

Le 26, les usines TMT (m\u00e9tallurgie) \u00e0 Forest sont en gr\u00e8ve pour obtenir, apr\u00e8s une semaine de gr\u00e8ve, 8% d\u2019augmentation et des allocations familiales major\u00e9es de 30%.<\/p>\n

Durant tout l\u2019\u00e9t\u00e9, les mouvements revendicatifs se propagent de villes en villes, d\u2019usines en usines. La presse, censur\u00e9e par l\u2019occupant, tait ces nouvelles. Mais les travailleurs d\u00e9couvrent des tracts communistes clandestins qui font le point sur les luttes, fixent les objectifs. \u00ab\u00a0pour une avance de 3 mois sur les salaires\u00a0! Pour une prime de 500fr\u00a0! Pour se constituer une r\u00e9serve alimentaire<\/em>\u00a0!\u00a0\u00bb En quelques mots, les informations essentielles\u00a0: qui a fait gr\u00e8ve\u00a0? qu\u2019est-ce qu\u2019ils ont obtenu\u00a0? les simples d\u00e9tails sont des incitations \u00e0 passer aux actes \u00e0 son tour.<\/p>\n

\u00ab\u00a0Bravo\u00a0! Camarades\u00a0! Courage\u00a0! Ne vous laissez pas influencer par les menaces et les fouilles de l\u2019occupant<\/em>\u00a0!\u00a0\u00bb \u00abTous ensemble<\/em>\u00a0\u00bb\u00a0!<\/p>\n

Les travailleurs comprennent\u00a0: ceux qui ne se battent pas n\u2019auront rien (de fait, les affili\u00e9s de l\u2019UTMI, qui ne font pas gr\u00e8ve, sont souvent les seuls \u00e0 ne pas \u00eatre augment\u00e9s).<\/p>\n

Tous ceux qui se demandent comment faire se tournent vers les communistes\u2026 ou le deviennent. A la suite des mouvements revendicatifs, des actions de gr\u00e8ves, les militants du PC s\u2019efforcent de regrouper, clandestinement, tous ceux qui sont pour la lutte. Ils forment des Comit\u00e9s de Lutte Syndicale, qui essaiment avec une rapidit\u00e9 surprenante. En mars 1942, Bruxelles compte 69 entreprises avec un CLS, le 1er<\/sup>\u00a0mai de la m\u00eame ann\u00e9e, ils sont d\u00e9j\u00e0 91.<\/p>\n

A Bruxelles toujours, six feuilles clandestines paraissent r\u00e9guli\u00e8rement, malgr\u00e9 les risques et les difficult\u00e9s. \u00ab\u00a0Le Tram \u2013 De Tram\u00a0<\/em>\u00bb, bulletin des wattmans, fait le point sur les collectes au profit des camardes emprisonn\u00e9s \u00e0 la suite des actions de gr\u00e8ve. On ne laissera pas tomber leurs familles. \u00ab\u00a0Le Marteau \u2013 De Hamer\u00a0<\/em>\u00bb est diffus\u00e9 dans 15 entreprises de la m\u00e9tallurgie, dont Renault Vilvoorde.<\/p>\n

Une nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de militants<\/strong><\/span><\/p>\n

Dans ces luttes difficiles, aussi risqu\u00e9es que n\u00e9cessaires, de solides amiti\u00e9s se nouent, des gens se r\u00e9v\u00e8lent. Une nouvelle g\u00e9n\u00e9ration d\u2019ouvriers, souvent tr\u00e8s jeunes, se lancent dans le militantisme et le d\u00e9veloppement de leurs organisations. Le dirigeant des CLS de Bruxelles est un postier de 20 ans, Fran\u00e7ois de Decker.<\/p>\n

L\u2019action des militants du PC cesse de ne concerner que quelques milliers de militants, elle organise l\u2019activit\u00e9 de dizaines de milliers de travailleurs et change leur conscience politique.<\/p>\n

Car ces luttes n\u2019am\u00e8nent pas que du pain sur la table. Dans son livre \u201cN\u00e9 Juif\u201d, Marcel Liebman, un \u00e9crivain et historien belge, raconte pourquoi il est devenu communiste. Il \u00e9tait jeune enfant lorsque, en 1942, ont commenc\u00e9 les rafles et les d\u00e9portations de juifs. Alors, dans les quartiers ouvriers, des portes s\u2019ouvrent pour cacher les familles en fuite.<\/p>\n

Ceux qui prennent le risque de cacher des juifs sont la plupart du temps des militants, communistes, socialistes, syndicalistes. Mais ils peuvent courir ce risque parce qu\u2019ils savent que leurs voisins ne les d\u00e9nonceront pas. Car<\/p>\n

parmi ces travailleurs, ces hommes et ces femmes qui ont os\u00e9 eux- m\u00eames affronter ensemble la r\u00e9pression pour arracher de quoi vivre, personne ne caftera contre d\u2019autres travailleurs, pas m\u00eame contre les travailleurs immigr\u00e9s. Et pourtant, le racisme existait \u00e0 l\u2019\u00e9poque comme aujourd\u2019hui ! C\u2019est cette garantie, cette solidarit\u00e9 de classe, qui permet aux militants ouvriers de courir le risque de cacher les juifs.<\/p>\n

Ce simple fait, \u00e0 l\u2019\u00e9poque o\u00f9 les pires infamies se d\u00e9roulaient ailleurs sans protestation, est r\u00e9v\u00e9lateur de la possibilit\u00e9, pour un parti r\u00e9volutionnaire, de ramener, \u00e0 travers l\u2019organisation et les luttes collectives, une majorit\u00e9 de travailleurs vers des perspectives humaines, progressistes.<\/p>\n

Une base favorable \u00e0 des luttes politiques<\/strong><\/span><\/p>\n

C\u2019est \u00e0 travers ces \u00e9v\u00e9nements que se f\u00e9d\u00e8rent les CLS en organisations syndicales profond\u00e9ment diff\u00e9rentes des anciens syndicats socialistes. A la place de la CGTB, avec ses bureaux syndicaux ext\u00e9rieurs aux usines, o\u00f9 des employ\u00e9s classent les archives des commissions paritaires et v\u00e9rifient les relev\u00e9s de comptes en banque, le fonctionnement de ces nouveaux syndicats gravite autour de noyaux de militants d\u2019entreprises et de la vie collective qu\u2019ils parviennent \u00e0 animer.<\/p>\n

Ces succ\u00e8s auraient pu \u00eatre la base du d\u00e9veloppement d\u2019une conscience de classe parmi les travailleurs allant bien plus loin que la simple solidarit\u00e9 face aux probl\u00e8mes imm\u00e9diats pos\u00e9s par la guerre et l\u2019occupation militaire. Les travailleurs les plus jeunes, les plus capables, d\u00e9couvraient les possibilit\u00e9s politiques et la force de leur classe sociale. Ce que les dirigeants gouvernementaux, les g\u00e9n\u00e9raux belges, n\u2019avaient pas su faire face aux arm\u00e9es de Hitler, s\u2019organiser, s\u2019opposer, se d\u00e9fendre, leurs camarades de travail le faisaient.<\/p>\n

Le courage, les qualit\u00e9s individuelles, le sens des responsabilit\u00e9s des simples travailleurs, pouvaient-ils \u00eatre compar\u00e9s \u00e0 ceux des dirigeants politiques et syndicaux, qui pourtant se pr\u00e9tendaient indispensables\u00a0? Et les dividendes scandaleux distribu\u00e9s aux actionnaires pendant qu\u2019on faisait la queue devant les boucheries, ne devraient-ils pas \u00eatre confisqu\u00e9s\u00a0?<\/p>\n

Bref, les sujets ne manquaient pas pour amener des centaines, des milliers d\u2019ouvriers intelligents et courageux \u00e0 se poser des questions politiques bien plus larges, sur\u00a0qui\u00a0<\/em>devait et pouvait diriger et contr\u00f4ler la soci\u00e9t\u00e9. Et les circonstances ne manquaient pas pour amener ces ouvriers \u00e0 accumuler une vaste exp\u00e9rience sur la fa\u00e7on d\u2019amener des dizaines de milliers de travailleurs \u00e0 poser pratiquement ces probl\u00e8mes \u00e0 travers des luttes.<\/p>\n

Malheureusement, c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment alors que cette politique de classe obtenait ses plus grands succ\u00e8s, au moment o\u00f9 elle pouvait d\u00e9boucher sur de v\u00e9ritables perspectives politiques, que le PC allait lui tourner le dos.<\/p>\n

1942 \u2013 1944\u00a0: le Front\u2026 avec sa bourgeoisie<\/strong><\/span><\/p>\n

Comme d\u2019habitude, ce fut un changement dans les besoins politiques de la bureaucratie sovi\u00e9tique qui fut \u00e0 l\u2019origine du profond revirement des axes politiques des PC europ\u00e9ens. Le 22 juin 1941, les arm\u00e9es nazies p\u00e9n\u00e9traient en Union sovi\u00e9tique. A nouveaux, les dirigeants sovi\u00e9tiques \u00e9prouvaient le besoin d\u2019obtenir l\u2019appui des imp\u00e9rialismes concurrents de l\u2019Allemagne, cette fois, celui de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.<\/p>\n

Les dirigeants anglais et am\u00e9ricains, qui n\u2019avaient pas la partie facile contre l\u2019Allemagne et le Japon, \u00e9taient pr\u00eats \u00e0 fournir aux Sovi\u00e9tiques des avions et des canons, mais que pouvaient proposer les responsables sovi\u00e9tiques en \u00e9change\u00a0? Il y avait surtout deux choses qui int\u00e9ressaient les dirigeants imp\u00e9rialistes\u00a0: le maintien d\u2019un front militaire \u00e0 l\u2019Est pour y bloquer toute une partie des arm\u00e9es allemandes et aussi le contr\u00f4le sur les \u00e9v\u00e9nements politiques qui \u00e9taient en train de se d\u00e9rouler en Europe, comme ceux que nous venons de discuter.<\/p>\n

Ces dirigeants anglais et am\u00e9ricains n\u2019avaient pas oubli\u00e9 la mont\u00e9e r\u00e9volutionnaire qui s\u2019\u00e9tait produite \u00e0 la fin de la guerre pr\u00e9c\u00e9dente. Et ils voyaient que les arm\u00e9es allemandes, qui \u00e9taient devenues, au cours de la guerre, les forces de maintien de l\u2019ordre capitaliste sur le continent, allaient entra\u00eener dans leur d\u00e9faite tout le reste des appareils de r\u00e9pression des pays occup\u00e9s, compl\u00e8tement discr\u00e9dit\u00e9s par leur collaboration avec un r\u00e9gime odieux aux populations.<\/p>\n

Alors, ce que les dirigeants sovi\u00e9tiques avaient \u00e0 leur offrir, c\u2019\u00e9tait la chair d\u2019une vingtaine de millions de travailleurs de l\u2019URSS qui lutt\u00e8rent avec des armes souvent in\u00e9gales contre l\u2019avance allemande. Ce qu\u2019ils avaient \u00e0 offrir aussi, c\u2019\u00e9tait le contr\u00f4le sur les \u00e9l\u00e9ments les plus radicaux et les plus actifs dans la contestation de l\u2019ordre capitaliste\u00a0: les partis communistes.<\/p>\n

Les partis communistes, sous la pression et l\u2019encadrement des envoy\u00e9s sovi\u00e9tiques, vont abandonner leur politique de classe pour d\u00e9velopper une politique nationaliste. On explique aux r\u00e9sistants communistes qu\u2019il faut cr\u00e9er un \u00ab\u00a0deuxi\u00e8me front\u00a0\u00bb pour soulager la pression du front de l\u2019Est sur l\u2019Arm\u00e9e rouge.<\/p>\n

\u00c0 partir de 1942, les meilleurs \u00e9l\u00e9ments communistes, les plus courageux, les plus capables, les plus d\u00e9cid\u00e9s, sont de plus en plus rapidement et massivement retir\u00e9s du travail centr\u00e9 sur les usines pour int\u00e9grer la r\u00e9sistance arm\u00e9e. Ils s\u2019y consacrent quasi-exclusivement, au sein de petites cellules coup\u00e9es de la population, \u00e0 la pr\u00e9paration pratique de sabotages, d\u2019attentats, d\u2019assassinats de collaborateurs ou de soldats allemands. En Belgique, d\u00e8s 1943, la r\u00e9sistance arm\u00e9e organis\u00e9e par le PC se compose de plusieurs Corps regroupant des centaines de PA, partisans arm\u00e9s.<\/p>\n

L\u2019activit\u00e9 des CLS, et de toutes les organisations regroupant les travailleurs, comme \u00ab\u00a0les secours rouges\u00a0\u00bb, ne sont pas abandonn\u00e9s, mais leurs activit\u00e9s, leur fonctionnement sont limit\u00e9s \u00e9troitement par le nouveau r\u00f4le que leur assigne le PC. Pour le PC d\u00e9sormais, \u00ab\u00a0la lutte sociale n\u2019est qu\u2019un aspect de la lutte nationale\u00a0<\/em>\u00bb, ce qui signifie qu\u2019\u00ab\u00a0il faut lier l\u2019action sociale \u00e0 l\u2019action patriotique\u00a0<\/em>\u00bb. Ces organisations deviennent les relais, parmi les masses, d\u2019une lutte nationaliste tourn\u00e9e exclusivement contre l\u2019occupant, et non plus de d\u00e9fense des travailleurs contre les patrons.<\/p>\n

Toutes les organisations anim\u00e9es par le PC sont regroup\u00e9es au sein d\u2019un \u00ab\u00a0Front de l\u2019Ind\u00e9pendance\u00a0\u00bb, ouvert \u00e0 tous ceux qui veulent s\u2019opposer \u00e0 l\u2019occupation. Il est facile, pour un jeune r\u00e9sistant communiste, de croire \u00e0 cette perspective \u00ab\u00a0de Front\u00a0\u00bb avec les anti-fascistes, car il est rejoint par de jeunes bourgeois, des jeunes catholiques, aussi courageux et r\u00e9volt\u00e9s que lui. Mais leur r\u00e9volte \u00e0 eux n\u2019est pas tourn\u00e9e contre la hi\u00e9rarchie sociale, seulement contre sa politique de collaboration et de d\u00e9portation. Ces jeunes suivent les plus d\u00e9cid\u00e9s, les communistes.<\/p>\n

Mais au lieu de les entra\u00eener sur le terrain de la d\u00e9fense des int\u00e9r\u00eats politiques de la seule classe qui peut s\u2019opposer \u00e0 tout ce que les jeunes r\u00e9sistants trouvent intol\u00e9rable, les choix du PC entra\u00eenent au contraire les jeunes communistes sur le terrain nationaliste, d\u2019alliance entre les classes.<\/p>\n

En r\u00e9alit\u00e9, le \u00ab\u00a0Front de l\u2019Ind\u00e9pendance\u00a0\u00bb n\u2019\u00e9tait pas \u00ab\u00a0un deuxi\u00e8me front ouvert par la r\u00e9sistance\u00a0\u00bb, mais la disparition d\u2019un front de classe en Europe en \u00e9change de l\u2019alliance avec l\u2019imp\u00e9rialisme.<\/p>\n

Avec ces revirements strat\u00e9giques de la part du PC, les activit\u00e9s des CLS se cantonnent \u00e0 des activit\u00e9s purement syndicales, qui n\u2019entra\u00eenent plus une politisation et une implication des travailleurs dans d\u2019autres questions que celles des probl\u00e8mes des salaires et du ravitaillement. Les militants et les cadres, y compris communistes, des CLS, n\u2019accumulent plus une exp\u00e9rience politique, ils deviennent des militants syndicaux, dont le fonctionnement routinier du syndicat devient le seul horizon. Par la suite, cela les d\u00e9tachera de l\u2019engagement politique et facilitera leur r\u00e9cup\u00e9ration par les dirigeants r\u00e9formistes.<\/p>\n

Un autre aspect des probl\u00e8mes du d\u00e9veloppement de la lutte arm\u00e9e, c\u2019est l\u2019accroissement de la r\u00e9pression qui frappe les militants et \u00e9claircit rapidement leurs rangs. D\u00e8s 1942, malgr\u00e9 leurs pr\u00e9cautions et leur discipline, les r\u00e9sistants communistes sont arr\u00eat\u00e9s par dizaines, puis par centaines. Ils sont syst\u00e9matiquement tortur\u00e9s, puis fusill\u00e9s ou d\u00e9port\u00e9s dans des camps, \u00e0 Breendonk, en Belgique, ou en Allemagne (Dachau\u2026).<\/p>\n

Bien s\u00fbr, personne ne leur fera reproche d\u2019avoir pris des risques, de s\u2019exposer\u2026 et d\u2019\u00eatre arr\u00eat\u00e9s\u00a0! Non, le probl\u00e8me c\u2019est que la lutte arm\u00e9e ne peut \u00eatre entreprise que par des hommes ou des femmes qui sont libres de toute attache, de toute responsabilit\u00e9 familiale. Ce qui, bien entendu, n\u2019est pas le cas de la majorit\u00e9 des travailleurs, qui doivent rester \u00e0 l\u2019usine pour nourrir leurs enfants. On a vu que ces p\u00e8res et m\u00e8res de famille n\u2019ont pas manqu\u00e9 de courage lors des gr\u00e8ves de 41, qu\u2019un certain nombre d\u2019entre eux ont saut\u00e9 le pas de l\u2019action organis\u00e9e, parce que les communistes les organisaient l\u00e0 o\u00f9 ils \u00e9taient oblig\u00e9s de venir gagner leur vie.<\/p>\n

C\u2019est pourquoi les arrestations de gr\u00e9vistes ou de meneurs n\u2019ont pas affaibli les CLS qui ont pu trouver dans le vivier de l\u2019entreprise des volontaires pour combler les vides. Ce n\u2019est plus le cas des cellules de lutte arm\u00e9e. Le nombre de jeunes\u00a0et<\/em>\u00a0courageux\u00a0et<\/em>\u00a0socialement libres, n\u2019est pas extensible \u00e0 l\u2019infini. En 1946, le PC pourra faire campagne sur le simple slogan\u00a0: \u00ab\u00a0le parti des fusill\u00e9s\u00a0\u00bb, ce qui leur rapportera certes des centaines de milliers de voix. Mais les organisations r\u00e9formistes disposeront, elles, de milliers de cadres form\u00e9s et actifs dans les entreprises, ce qui \u00e9tait de loin le plus important.<\/p>\n

Les Renardistes<\/strong><\/span><\/p>\n

Car, par une cruelle ironie, pendant que l\u2019\u00e9lite des militants communistes prenait le chemin des camps en Allemagne, les dirigeants syndicalistes r\u00e9formistes les plus capables, dont Andr\u00e9 Renard, rentraient de captivit\u00e9 (prisonniers de guerre lib\u00e9r\u00e9s).<\/p>\n

Ces syndicalistes-l\u00e0 ne sont pas impliqu\u00e9s dans la politique de collaboration et de capitulation des dirigeants rest\u00e9s au pays. Leur exp\u00e9rience, leur formation de dirigeants syndicaux r\u00e9formistes, ce sont les ann\u00e9es 30 et l\u2019impuissance des m\u00e9thodes de lutte bureaucratiques contre les militants communistes implant\u00e9s en entreprises.<\/p>\n

Ils vont alors entreprendre, avec des m\u00e9thodes, un ton, un radicalisme apparent tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9s des anciennes pratiques r\u00e9formistes, de concurrencer les militants communistes qui ont lanc\u00e9 les nouvelles organisations syndicales.<\/p>\n

Cette entreprise va \u00eatre miraculeusement facilit\u00e9e par l\u2019abandon, par les meilleures forces communistes, du terrain des entreprises et de la conscientisation des travailleurs \u00e0 travers leur participation \u00e0 des luttes collectives.<\/p>\n

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Les syndicats en Belgique 2\/3 1939-1943 Les militants ouvriers et la guerre imp\u00e9rialiste Un petit rappel\u2026 Jusque dans les ann\u00e9es 1990, la FGTB avait conserv\u00e9, surtout au sein des grandes entreprises, une certaine tradition de militantisme syndical et de d\u00e9fense de principe de classe \u00e9l\u00e9mentaire. C\u2019\u00e9tait d\u2019ailleurs aussi le cas, dans une moindre mesure, de…<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":325,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_oct_exclude_from_cache":false,"footnotes":""},"categories":[14],"tags":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/332"}],"collection":[{"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=332"}],"version-history":[{"count":6,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/332\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":355,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/332\/revisions\/355"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/media\/325"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=332"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=332"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/commission-des-pensionnes.cgsp-admi-mons.be\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=332"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}